CaniprofÉducation du chiotSevrage du chiot : comment ça marche ?

Sevrage du chiot : comment ça marche ?

Le sevrage est une étape importante de la vie du chiot, qui va non seulement déterminer sa future condition physique, mais aussi jouer un rôle considérable sur son comportement d’adulte.

L’importance du sevrage chez le chiot concerne donc tant des questions de nutrition et de santé, que d’éthique, de bien-être et de future relation entre le maître et son compagnon.

sevrage chiot

Pour vous aider à prendre soin de votre futur compagnon et faire en sorte qu’il devienne un chien bien dans ses pattes et bien dans sa tête, voici tout ce que vous devez savoir à propos du sevrage.

Qu’est-ce que le sevrage du chiot ?

On appelle sevrage le processus au cours duquel le chiot va arrêter de se nourrir du lait produit par sa mère, pour s’alimenter avec de la nourriture solide.

Aussi, habituellement, le sevrage dépend de la croissance et de la morphologie de l’animal, les chiots ne pouvant avaler des aliments solides que lorsqu’ils ont suffisamment de dents et que leur système digestif devient capable de digérer de nouveaux nutriments.

Cette définition simpliste tend à laisser de côté les problématiques liées à la socialisation et au développement du comportement de l’animal, en grande partie conditionné par la manière dont va se dérouler son sevrage.

Aussi les impacts du sevrage vont bien au-delà d’un simple changement d’alimentation, englobant une dimension comportementale extrêmement prononcée qu’il est indispensable de prendre en compte pour permettre à l’animal de devenir un individu équilibré et bien dans sa tête.

L’importance du sevrage du chiot

Le sevrage du chiot a des impacts sur différents niveaux de sa santé physique et psychologique. De fait, on tend à distinguer deux processus intimement liés, mais qu’il convient de considérer séparément : le sevrage alimentaire, et le sevrage de la relation mère-chiot.

En effet, le sevrage alimentaire peut se terminer beaucoup plus tôt que le sevrage de la relation entre la chienne et son chiot, ce qui conduit bien des éleveurs ou des propriétaires de chiots à séparer précocement les jeunes animaux de leur mère.

Un procédé qui s’avère acceptable d’un point de vue alimentaire, puisque le chiot n’a plus besoin du lait de sa mère, mais qui peut avoir des conséquences dramatiques sur son bien-être et son futur comportement.

L’impact du sevrage du chiot sur son alimentation et sa santé physique

Lorsque le chiot vient de naître, il est allaité par sa mère durant les premières semaines de sa vie, un procédé qui permet de lui apporter les calories nécessaires pour se nourrir et grandir, mais aussi les anticorps lui permettant d’être protégé contre les maladies infectieuses.

En effet, au cours de la gestation, le placenta du chien ne permet pas le passage de tous les anticorps comme c’est le cas chez d’autres espèces d’animaux.

De fait, l’immunité du chiot dépend de son ingestion de colostrum, une substance sécrétée par la chienne et riche en immunoglobuline (anticorps circulants) qui transmet à ses petits sa propre immunité.

Le chiot commence à ingérer le colostrum dans les heures qui suivent la naissance, alors que son système digestif contient des enzymes peu actives qui ne détruisent pas l’immunoglobuline.

Les anticorps rejoignent ainsi la circulation sanguine de l’animal, et lui apportent la protection dont il a besoin pour lutter contre les pathogènes.

Outre sa fonction protectrice contre les pathogènes, le colostrum est une substance hautement énergétique qui apporte davantage de calories que le lait maternel.

De fait, c’est une substance extrêmement importante pour les jeunes animaux, qui ne disposent pas encore de réserves de graisse dans lesquelles ils pourraient puiser pour grandir.

Le colostrum apporte en outre de nombreux minéraux, et notamment du calcium et du phosphore dont le chiot a besoin pour se développer dans de bonnes conditions.

Enfin, le colostrum permet au système digestif du chiot de se développer correctement et de produire par la suite les enzymes nécessaires à la bonne digestion des aliments.

Au bout de quelques jours, le colostrum est remplacé par du lait maternel, qui vient à son tour apporter au chiot les nutriments essentiels à son développement, donc du calcium, du phosphore, des lipides, des protéines et des vitamines.

La chienne produit des quantités les plus importantes de lait entre la 3ème et la 5ème semaine d’allaitement, puis la quantité produite décroît jusqu’à la 7ème semaine, pour pousser les petits à chercher d’autres sources de nourriture.

D’un point de vue strictement alimentaire, les chiots peuvent donc être sevrés à partir de la 6ème ou 7ème semaine de leur vie, lorsqu’ils commencent à s’intéresser à des aliments plus solides et deviennent peu à peu capables de les digérer.

Auparavant, cette seule indication servait de repère aux maîtres pour décider de séparer les chiots de leur mère, mais on sait aujourd’hui qu’il est nécessaire d’attendre que l’animal soit plus âgé, afin qu’il soit sevré d’un point de vue « relationnel » avec sa mère et il est désormais interdit de vendre un chiot de moins 8 semaines. (1

L’impact du sevrage du chiot sur son comportement et sa santé mentale

Le sevrage du chiot joue un rôle crucial dans le développement de son futur comportement, un aspect qu’il est important de prendre en compte lorsque l’on sait que la SPA recense 60 animaux abandonnés pour des raisons comportementales sur 100.

De plus, en France, la moitié des euthanasies sont également liées à des comportements indésirables, un phénomène dramatique, qui résulte d’un décalage entre le fantasme du chien parfait et la réalité.

Nos compagnons à quatre pattes sont en effet très nombreux, plus que l’on ne l’imagine,  à présenter des comportements déviants, parfois peu perceptibles (surexcitation, aboiements excessifs, troubles alimentaires, etc.), et parfois très prononcés (malpropreté, agressivité, comportements destructeurs, etc.).

Il est important de bien noter que les troubles psychologiques congénitaux ou pathologiques du chien pouvant provoquer des comportements indésirables sont extrêmement rares.

L’immense majorité des problèmes de comportements sont consécutifs à un mauvais sevrage du chiot, une mauvaise socialisation et/ou une mauvaise éducation, bien souvent en dépit des efforts des maîtres qui commettent nombre d’erreurs par ignorance, en pensant bien faire.

Par ailleurs, ces troubles comportementaux, qui se développent de manière insidieuse, sont généralement diagnostiqués tardivement chez le chiot et perdurent une fois l’animal devenu adulte, altérant durablement son bien-être et sa relation avec l’homme.

L’importance du sevrage du chiot n’est donc pas à négliger dans le développement de troubles du comportement, cette étape de sa vie conditionnant grandement la façon dont il va percevoir et interagir avec son environnement une fois adulte.

Lors de la naissance du chiot, l’attachement entre la chienne et ses petits est immédiat, et perdure pendant environ 2 mois au cours desquels la chienne va veiller sur sa progéniture, avant de l’encourager doucement à prendre son indépendance.

Durant toute la période au cours de laquelle la mère va élever ses petits, le chiot va apprendre comment bien se comporter en imitant sa mère, tant pour apprendre à manger des aliments solides que pour découvrir comment communiquer avec ses pairs et interagir avec le reste du monde.

Les chiots ont, en effet, une grande capacité d’apprentissage par imitation, c’est d’ailleurs pourquoi on a tendance à dire qu’ils prennent le caractère de leur mère, qu’ils fréquentent davantage que tout autre animal durant leur développement.

En réalité, cela n’est pas tant question de caractère ou de personnalité, mais plus de comportement : une chienne qui a tendance à japper et à pincer, par exemple, risque de transmettre ces comportements à ses chiots.

Les bons comportements se transmettent eux aussi, et une chienne sociable, amicale, bien dans sa tête, à plus de bonnes chances de transmettre de bonnes habitudes à ses chiots.

C’est durant leurs 3ème à 5ème semaines de vie que les chiots vont commencer à découvrir leur environnement. 

Attirés par la nouveauté, ils vont facilement tisser des liens avec tous les individus qu’ils rencontrent durant cette période, qu’ils soient humains, chats, rongeurs… Ou tout autre être vivant.

Pour que cette période d’exploration se déroule normalement, il faut cependant que le chiot se sente en sécurité, afin que toutes ses expériences lui laissent un sentiment positif, évitant d’en faire un animal craintif, méfiant et mal dans ses pattes.

Le rôle de la mère est alors crucial, celle-ci faisant office de « guide », mais aussi de bouclier, accompagnant ses chiots durant leur phase d’exploration afin qu’elle se déroule sereinement.

C’est aussi au cours de cette période que le jeune chiot va apprendre « l’autocontrôle », à savoir la capacité à développer de bons réflexes comportementaux en fonction des stimulus reçus.

Il va ainsi apprendre à se montrer attentif dans les situations qui l’exigent, un comportement qui va grandement conditionner la réussite de son éducation.

Il va aussi découvrir comment satisfaire ses différents besoins, notamment sociaux, apprenant à communiquer et à interagir avec son environnement pour apprendre à solliciter les autres animaux et les humains « poliment », afin d’obtenir le résultat escompté.

Notez que les chiens qui n’ont pas acquis ce type de comportement d’autocontrôle se montrent parfois très renfermés ou, à l’inverse, très démonstratifs, faute de savoir comment obtenir les interactions sociales dont ils ont grandement besoin, et développant alors une grande détresse qui peut se manifester par des troubles du comportement.

Enfin, le chiot va aussi apprendre le retour au calme auprès de sa mère, celle-ci se montrant généralement très intolérante lorsque ses petits la harcèlent sans cesse, sans savoir s’arrêter.

Aspect incontournable de l’autocontrôle, le retour au calme est un comportement qui conditionne grandement la future relation que le maître va entretenir avec son animal. 

Bien des maîtres se plaignent en effet d’avoir un chien « hyperactif », qui bondit au moindre de leur mouvement, les sollicite sans cesse, « déborde d’énergie » ou ne s’arrête plus de jouer une fois la première balle lancée.

Plus qu’un réel trouble de l’hyperactivité, les chiens qui présentent ce type de comportement sont souvent des animaux qui n’ont pas été remis à leur place par leur mère durant leur période d’exploration, et n’ont pas développé le réflexe du retour au calme une fois leurs besoins comblés.

Notez qu’il faut bien s’assurer que les besoins de votre chien, ou chiot, sont comblés avant de supposer qu’il est incapable de revenir au calme à cause d’un mauvais sevrage ou d’une mauvaise éducation.

Un chien qui réclame à corps et à cris des jeux, de l’attention ou des promenades peut aussi manquer d’activité sportive ou intellectuelle, auquel cas il ne peut revenir au calme puisque ses besoins ne sont pas satisfaits. (2

À quel âge sevrer un chiot ?

Le sevrage alimentaire du chiot peut débuter dès les cinq semaines de l’animal, mais il convient de ne pas forcer les choses et de laisser les petits téter leur mère tout en goûtant peu à peu de nouveaux aliments humides, puis secs quand leur dentition le permet.

Généralement, la chienne va produire moins de lait à partir de la cinquième semaine, puis commencer à repousser ses chiots vers la septième ou huitième semaine.

Dans les faits, et aux yeux de la loi, il est possible de séparer le chiot de sa mère dès ses huit semaines, mais on tend désormais à allonger la durée du sevrage pour permettre aux chiots de développer un comportement plus équilibré.

En effet, lorsque la chienne commence à repousser ses chiots lors des tétées, cela ne signifie pour autant qu’elle en a fini avec leur éducation, bien au contraire.

La chienne va peu à peu commencer à poser de nouvelles limites à ses chiots lors des jeux et rituels de toilettage, se montrant de plus en plus stricte en cas de débordements ou sollicitations trop vigoureuses, ce qui participe pleinement à leur apprentissage des réflexes d’autocontrôle.

Elle va ensuite commencer à instaurer de nouvelles règles lors du couchage, n’autorisant plus ses petits de dormir à ses côtés.

Puis lorsque les chiots auront atteint entre 4 et 6 mois, elle n’autorisera plus aucune interaction qui ne respecte pas « les codes » des chiens.

Aussi, il n’est pas nécessaire de se précipiter sur un jeune chiot dès ses huit semaines pour l’enlever à sa mère, et il est tout à fait possible d’attendre ses 3 ou même 4 mois, auquel cas il n’en sera que plus équilibré, et pas moins attaché à ses maîtres.

Comment sevrer un chiot ?

Concernant le sevrage alimentaire, il convient de laisser les choses se faire naturellement. Le chiot va, en effet, commencer à imiter sa mère en s’intéressant à sa gamelle dès que sa gueule sera suffisamment développée pour lui permettre de mâcher des aliments solides.

Concernant le sevrage de la relation mère-chiot, il est important d’attendre que l’animal ait au moins 8 semaines pour le séparer de sa mère, voir plus.

On considère que le chiot est prêt à s’installer chez ses nouveaux maîtres lorsqu’il est capable d’explorer son environnement de manière relativement autonome, et s’éloigne volontiers de sa mère pour interagir avec d’autres êtres vivants.

Lorsque le chiot est séparé de sa mère et arrive chez son nouveau maître, il va naturellement chercher à recréer un lien d’attachement avec les humains qui l’ont adopté.

Contrairement à certaines idées répandues, issues de méthodes éducatives obsolètes, il ne faut surtout pas repousser le chiot dans ce contexte, en espérant qu’il sera ainsi plus indépendant, ou cela instaurera un quelconque rapport de domination utile à son éducation.

De telles méthodes risquent bien davantage de créer un sentiment de détresse et d’insécurité chez l’animal, et d’engendrer des troubles du comportement durables.

Il faut, au contraire, renforcer le lien d’attachement avec son chiot dès son arrivée à la maison, puis prendre peu à peu ses distances quelques semaines plus tars, progressivement, comme le ferait sa mère.

Si votre chiot a besoin d’être rassuré, n’hésitez pas à le réconforter, à le câliner, à lui montrer le bon exemple, voire à le laisser dormir à vos côtés.

Attention à ne pas le surprotéger pour autant, surtout lorsqu’il rencontre d’autres animaux : les interactions avec ses congénères vont grandement l’aider à développer un bon comportement.

Aussi, ne l’empêchez pas d’aller vers d’autres chiens, même s’il se fait parfois rouspéter plus ou moins vigoureusement. Ces interactions sont indispensables au développement de ses réflexes d’autocontrôle.

L’important est de créer un environnement rassurant, qui lui servira de repère pour explorer le monde et faire de nouvelles rencontres en toute confiance.

Une fois votre chiot serein et acclimaté à sa nouvelle famille, il est alors important de le pousser à se détacher de vous doucement pour qu’il apprenne positivement la solitude.

Commencez à lui imposer des limites au moment des jeux et des câlins, en ne répondant à ses demandent que lorsqu’il est « poli », puis repoussez-le au moment de dormir, pour qu’il apprenne à se coucher de son côté.

Attention : renforcer le lien d’attachement avec votre petit chiot ne signifie pas que vous ne devez pas instaurer de règles !

Il convient, au contraire, de lui faire prendre de bonnes habitudes au plus tôt à l’aide de méthodes positives (récompense des bons comportements), et de ne pas le mettre en situation d’échec, c’est-à-dire d’éviter soigneusement de provoquer chez lui un comportement que vous ne souhaitez pas voir s’installer.

Par exemple, félicitez-le quand il fait ses besoins dehors (méthode positive), et sortez-le suffisamment souvent pour ne pas qu’il fasse ses besoins sur votre tapis faute d’avoir pu se retenir entre deux sorties (évitement des situations d’échec).

Questions fréquemment posées par les maîtres sur le sevrage du chiot

Mon chiot a-t-il été mal sevré ?

Si vous avez adopté votre chiot avant qu’il ait atteint ses 8 mois, il est possible qu’il ait été mal sevré d’un point de vue alimentaire et développe des problèmes de croissance, mais également une fragilité immunitaire.

Dans ce cas, il est important de contacter un professionnel qui mettra en place une alimentation adaptée pour éviter les carences et une protection vaccinale pour le protéger contre les pathogènes.

Si votre chiot présente des troubles du comportement, et notamment des difficultés à interagir avec les autres chiens et les humains, il est également possible qu’il ait été sevré trop tôt. Dans ce second cas, un spécialiste du comportement canin vous sera sans doute d’une grande aide.

À quel âge puis-je adopter un chiot ?

La loi interdit la vente et le don de chiots avant leurs 8 semaines, vous pouvez donc adopter un chiot seulement lorsqu’il a 2 mois ou plus. Pour laisser le temps à votre animal de se détacher de sa mère, il est possible d’attendre plus longtemps sans que cela n’ait de répercussions sur la manière dont il s’attachera à vous.

Pourquoi est-il important de bien sevrer un chiot ?

Le sevrage alimentaire doit se faire dans les règles de l’art pour que votre chiot puisse bénéficier des anticorps de sa mère et de toute l’énergie dont il a besoin pour se développer.

Le sevrage de la relation mère-chiot est important pour que votre animal développe un comportement équilibré et des relations saines pérennes avec son maître et son environnement.

Comment être sûr que mon chiot est sevré ?

Pour être certain d’acquérir un animal correctement sevré, adressez-vous à un éleveur de confiance et évitez à tout prix les animaleries.

L’animal doit également être identifié par tatouage ou puce électronique, ce qui vous permet de connaître sa date de naissance et de vous assurer qu’il a plus de 8 semaines.

Le sevrage du chiot est un aspect crucial de son développement, qu’il convient de ne pas laisser au hasard pour éviter tout problème de comportement durable dans le futur.

Les troubles du comportement constituent en effet un motif des plus communs d’abandon et d’euthanasie en France.

Pour éviter d’en arriver à ces situations dramatiques, il est nécessaire de s’assurer que le sevrage de son chiot se déroule dans les règles de l’art, ce qui peut passer par une remise en question et l’abandon de pratiques obsolètes.

Il vous reste des questions sur le sevrage du chiot ? Posez-les-nous ou partagez votre expérience en commentaire de cet article !