À l’heure où le mouvement pour un référendum sur le droit des animaux franchit le cap des 120 signatures de parlementaires nécessaires à la tenue du scrutin, le site d’information pour chiens Caniprof publie la première enquête permettant de mesurer le soutien des Français aux mesures de protection des animaux soumises au référendum mais aussi leurs potentiels comportements dans l’isoloir si un vote était bien organisé.
Réalisée par le pôle « Politique/Actualités » de l’Ifop auprès d’un échantillon national représentatif de 1 000 Français, cette étude révèle à la fois l’ampleur du soutien des Français à cette initiative référendaire encore peu médiatisée et le relatif consensus qu’il existe aujourd’hui sur ces questions chez les électeurs quel que soit leur horizon.
L’adhésion aux propositions et au processus de référendum d’initiative partagée pour les animaux
Informés de l’initiative et des mesures proposées par le collectif « Référendum pour les animaux », près des trois quarts des Français (73%) se déclarent favorables à l’organisation d’un référendum sur le droit des animaux, soulignant ainsi à la fois le large soutien aux procédures de démocratie directe en France mais aussi à la thématique animalière que les Français souhaitent inscrire dans le débat public.
Sans surprise ce sont les sympathisants des mouvements politiques les plus sensibles à la question écologique qui soutiennent le plus l’idée d’un vote populaire : respectivement 88% des sympathisants frontistes et 87% des sympathisants écologistes.
En conséquence de ce soutien, et dans le cadre de la procédure prévue pour le lancement d’un référendum d’initiative partagée, pas moins de sept électeurs sur dix (71%) pourraient potentiellement signer la pétition qui sera lancée une fois le soutien de 185 parlementaires validé.
Rapportant ce taux au nombre de personnes inscrites sur les listes électorales à l’heure actuelle, les initiants peuvent donc compter sur un potentiel de 33 millions de personnes à mobiliser et faire signer pour atteindre le seuil des 4,7 millions de signataires.
Un taux de participation qui s’annonce record par rapport à d’autres référendums potentiels
Dans l’hypothèse où un vote référendaire serait effectivement organisé sur la question, le niveau de la participation traduirait le fort soutien dont il bénéficie dans l’opinion par une relative mobilisation de l’électorat pour s’exprimer sur son issue.
Environ la moitié de l’électorat (49%) pourrait ainsi envisager de s’exprimer alors même que la procédure n’a pas abouti et qu’ils n’ont encore que peu d’information sur son contenu, signe encore une fois de l’intérêt pour ce type de procédure et pour la thématique abordée.
Pour mettre en contexte ce résultat, il est nécessaire de rappeler que les taux de participation aux récentes élections ont rarement dépassé le seuil des 50% :
- 44,7% au premier tour des élections municipales,
- 50,1% aux européennes de 2019
- et 48,7% au premier tour des élections législatives de 2017, soulignant par-là que la thématique très précise de la condition animale peut susciter l’intérêt de l’électeur.
Mis en perspective avec les rappels rassemblés par l’Ifop, le « Référendum des animaux » bénéficierait d’une des meilleures participations pour un référendum d’initiative partagée ou d’initiative populaire.
Elle serait de 14 points supérieure à celle estimée pour le RIP sur la privatisation d’Aéroports de Paris (35%) mais aussi de 8 points supérieure à un référendum sur un sujet aussi important que le rétablissement de la peine de mort (41%).
En comparaison, des sujets plus discutés et médiatiques comme la réforme des retraites ou le rétablissement de l’Impôt Sur la Fortune déplaceraient moins d’électeurs (respectivement 48% et 46%).
Les Français soutiennent massivement les mesures proposées par le comité du référendum pour les animaux
Parmi les six mesures proposées par le comité « Référendum pour les animaux », ce sont celles en direction de l’amélioration des conditions sanitaires d’élevage des bêtes qui attirent le plus massivement les Français, notamment l’obligation de garantir aux animaux un accès quotidien au plein air (87%) ou l’interdiction de l’élevage d’animaux en cage (73%).
Mais au-delà de la question de la qualité des aliments, les Français sont attentifs à la vie des animaux et à la manière dont s’organise leur exploitation, ils sont aussi très nombreux à soutenir l’interdiction du recours à l’expérimentation auprès des animaux lorsque des alternatives existent (75%), l’arrêt des élevages d’animaux à fourrure (68%) et la fermeture des spectacles avec animaux sauvages (57%).
Enfin, c’est aussi la chasse à courre que les Français souhaitent largement voir interdite (67%) comme cela est déjà le cas dans certains pays. A noter que les femmes, pourtant les cibles privilégiées des produits avec fourrure, se montrent particulièrement favorables à l’interdiction des élevages d’animaux à fourrure (75%).
Si la procédure de référendum aboutissait, près de neuf électeurs sur dix voteraient pour
Mis dans la perspective d’un scrutin référendaire, 89% des électeurs qui exprimeraient leurs avis à ce référendum voteraient favorablement le projet de loi. Un chiffre particulièrement important qui donne une base solide aux propositions si elles devaient demain se confronter à un débat populaire et au vote des Français.
Ce vote serait particulièrement porté par un électorat de classes moyennes (93%/94%), plutôt féminin (95%) et de gauche radicale et écologiste (96% des sympathisants écologistes et 93% des électeurs Mélenchon de 2017).
À noter que le « Référendum pour les animaux » ne souffre d’aucune pénalité au sein d’un électorat rural par rapport à un électorat plus urbain, contrairement à certaines idées préconçues.
Dans une note publiée à la Fondation Jean Jaurès, Jérôme Fourquet avait démontré l’imprégnation des enjeux animalistes dans les zones périurbaines, véritables zones forces, ce qui permettrait d’expliquer plus largement l’hétérogénéité sociale et politique de soutien aux mesures proposées par le « Référendum pour les animaux », à la fois de gauche et de la droite radicale, moins fort chez les jeunes (plus urbains) et les personnes âgées (plus rurales) que chez les tranches d’âge intermédiaires.
À l’inverse, les catholiques pratiquants représentent la catégorie de la population la plus opposée au projet (20%), héritage d’une philosophie anthropocentriste où le sacrifice humain (celui de Jésus) a effacé la symbolique des animaux dans les cultures païennes comme le montre l’historien Éric Baratay.
Au-delà de cette spécificité religieuse, on retrouve une autre opposition, plus économique cette fois, des classes les plus aisées (20%) et des dirigeants d’entreprise (28%) face à l’interdiction de pratiques qui pousseraient à une réorganisation des productions.
Enfin, au sein de l’électorat opposé à la loi dans son ensemble (11%), une majorité serait tout de même prête à soutenir clairement au moins deux mesures : l’obligation de garantir aux animaux la possibilité d’un accès quotidien au plein air pour toute nouvelle exploitation d’élevage (79%) et l’interdiction du recours à l’expérimentation auprès des animaux lorsque des alternatives existent (57%), signe qu’une opposition au texte, même minoritaire, n’empêche pas le consensus sur certaines mesures phares prises isolément.
Le référendum d’initiative populaire pour les animaux expliqué par Hugo Clément :
Vous pouvez soutenir l’initiative en allant vous inscrire directement sur le site Referendumpourlesanimaux.fr.
Vous pouvez télécharger via ce lien l’intégralité du PDF reprenant les chiffres clés de l’enquête, ainsi qu’une infographie illustrant ces résultats.