La maladie de Carré est une affection virale très contagieuse et dangereuse pour la santé de nos chiens.
Elle est malheureusement répandue dans les élevages canins.
Si la vaccination massive a permis de réduire considérablement les cas de chiens atteints de cette pathologie en France, le virus sévit toujours et ne connait, à ce jour, pas de traitement.
La maladie de Carré reste donc redoutée par les éleveurs comme par les vétérinaires, d’autant qu’elle a connu en 2019 une recrudescence due à un recul de la couverture vaccinale.
La maladie de Carré, qu’est-ce que c’est ?
La maladie de Carré est une pathologie aussi vieille que le monde, semble-t-il, puisqu’elle est évoquée depuis des siècles dans la littérature.
C’est néanmoins le docteur en médecine vétérinaire Henri Carré qui l’a décrit pour la première fois en 1905, lui donnant ainsi son nom bien qu’on l’appelle aussi le Distemper ou Canine Distemper, du nom du virus qui en est à l’origine.
Causée par un virus de la famille des morbillivirus semblable à celui de la rougeole chez l’homme et de la peste bovine, la maladie de Carré est extrêmement contagieuse et gravissime chez le chien.
On distingue deux formes de la maladie de Carré chez le chien : la forme aiguë, dite catarrhale, et la forme chronique, dite nerveuse.
Répandue dans le monde entier, la maladie de Carré n’affecte pas que les chiens, mais peut accabler également les chats (chez qui elle est asymptomatique), les furets, les ratons laveurs et tous les autres carnivores.
Les chiens domestiques sont cependant les plus touchés par le virus et présentent les symptômes les plus sévères.
Elle cause des atteintes nerveuses et se manifeste en premier lieu par des affections dentaires et cutanées.
Son pronostic est extrêmement sombre, surtout lorsque les premiers symptômes sont observables, et il n’existe, à l’heure actuelle, pas de traitement curatif. (1)
Causes de la maladie de Carré chez le chien
La maladie de Carré se transmet essentiellement par voie aérogène, c’est-à-dire que le virus est excrété par le chien infecté dans l’air et entre dans l’organisme de ses congénères par les voies respiratoires.
Il est également transmis par contact oronasal (nez à nez) entre deux chiens et, plus rarement, de la mère aux chiots durant la gestation.
Les agents infectieux sont excrétés dans la salive du chien, sa sueur, son urine, ses matières fécales et ses larmes.
En revanche, le morbillivirus à l’origine de la maladie de Carré demeure fragile et ne survit pas longtemps à l’air libre.
Les épidémies se développent, de fait, dans les lieux confinés, et notamment les élevages où les chiens sont en contact presque permanent avec leurs congénères.
Aussi, les chiots en sont les plus souvent atteints, c’est pourquoi on la surnomme « maladie des jeunes chiens ».
Symptômes de la maladie de Carré chez le chien
Les symptômes de la maladie de Carré varient en fonction de sa forme (aiguë ou chronique), de la réponse immunitaire du chien et de la précocité du diagnostic et du traitement vétérinaire.
Après l’infection du chien par le virus, une période d’incubation durant de 7 jours à 1 mois en moyenne débute, au cours de laquelle les agents infectieux se multiplient dans le corps du chien au niveau de sites primaires.
Au bout de 7 à 14 jours d’incubation, deux scénarios sont possibles : (1) le chien présente une réponse immunitaire forte et guérit spontanément, ou (2) l’infection se propage vers une forme aiguë ou chronique et le virus atteint des sites secondaires de multiplications.
Ce que l’on nomme sites primaires correspond aux premiers endroits de l’organisme du chien infectés par le virus.
Dans les premiers jours de l’incubation, le moribillivirus atteint principalement les lymphocytes et les tissus lymphatiques, puis les tissus lymphoïdes où résident notamment les cellules du système immunitaire (rate, moelle osseuse, thymus, etc.).
Les sites secondaires sont les organes où se propage le virus par la suite, ceux-ci variant dans la forme aiguë et chronique.
Enfin, notons qu’une maladie aiguë se caractérise par une apparition brutale des symptômes et une évolution rapide, quand une maladie chronique se développe progressivement et dure longtemps, persistant même parfois toute la vie de l’animal (le diabète, par exemple, est une pathologie chronique).
La forme catarrhale ou aiguë de la maladie de Carré
La forme aiguë, aussi nommée catarrhale (le catarrhe étant une inflammation et hypersécrétion des muqueuses), se manifeste comme son nom l’indique par des symptômes respiratoires.
Des écoulements nasaux, conjonctivites, larmoiements et difficultés respiratoires apparaissent lorsque le virus a colonisé – entre autres – l’épithélium (enveloppe externe) des poumons, du système digestif et de l’appareil urinaire du chien.
Dans cette forme, les symptômes respiratoires et oculaires sont souvent marqués, et peuvent être accompagnés de vomissements, de diarrhées, d’un abattement, de fièvre et d’autres troubles généraux et peu spécifiques.
Le virus atteint ensuite le système nerveux central du chien, entrainant une encéphalomyélite démyélinisante, inflammation du cerveau qui détruit la myéline servant à en protéger les fibres nerveuses.
Des symptômes nerveux surviennent alors, tels que des contractions musculaires (myoclonies) incontrôlables, des convulsions, des troubles de la mobilité (ataxie) ou un coma.
Chez les animaux ayant survécu à la forme aiguë de la maladie de Carré (dans les cas modérés) on retrouve deux types de séquelles : l’hypoplasie de l’émail dentaire et l’hyperkératose.
L’hypoplasie de l’émail dentaire est un développement insuffisant de l’émail qui protège les dents, intervenant lorsqu’un chiot a contacté la maladie de Carré alors que ses dents définitives n’avaient pas encore fini de pousser.
L’hyperkératose est un épaississement de la peau qui, dans le cas de la maladie de Carré, atteint généralement les coussinets et/ou la truffe du chien.
Le virus infecte alors les cellules de l’épiderme qui, au lieu d’être détruites par la maladie, se mettent à proliférer excessivement.
Lorsque la forme aiguë de la maladie de Carré ne provoque pas la mort du chien et qu’il s’en sort avec une hyperkératose, l’infection peut évoluer vers la forme chronique.
La forme nerveuse ou chronique de la maladie de Carré
Dans sa forme nerveuse, le virus de la maladie de Carré provoque des symptômes plus tardifs, survenant 6 à 7 semaines après l’infection du chien.
À ce stade, le virus est toujours présent dans le système nerveux du chien et dans les régions cutanées atteintes d’hyperkératose.
L’organisme de l’animal produit alors une réponse immunitaire tardive qui entraîne des complications immunopathologiques provoquant une démyélinisation (atteintes nerveuses), puis, dans la plupart des cas, une encéphalite (inflammation grave du cerveau).
Le chien présente alors des symptômes nerveux (tremblements, démarche chancelante, convulsions, etc.) et des symptômes généraux non spécifiques (fièvre, fatigue, apathie, etc.). (2)
Pronostic et traitement de la maladie de Carré chez le chien
La réponse immunitaire du chien joue pour beaucoup dans son pronostic. Aussi les chiens ayant un système immunitaire fort peuvent contracter le virus sans présenter de symptômes, quand d’autres en mourront ou garderont des séquelles à vie.
Globalement, l’issue est plutôt sombre, surtout lorsque le chien présente les premiers signes nerveux, c’est-à-dire quand le virus a déjà infecté son système nerveux central, moment qui correspond souvent au diagnostic.
En effet, du fait de la non-spécificité des symptômes, la maladie de Carré à ses débuts n’inquiète généralement pas les maîtres et la visite chez le vétérinaire qui posera le diagnostic est souvent tardive, ce qui amoindrit les chances de guérison et de survie de l’animal.
Dans le cas de la forme aiguë de la maladie de Carré, il est possible que l’animal s’en sorte, mais que l’infection évolue par la suite vers une forme chronique.
Dans la forme chronique, le chien peut également surmonter l’infection, mais il restera infecté pendant 2 à 3 mois, le virus demeurant dans ses yeux, ses poumons, son système nerveux central et/ou les parties de son corps atteintes d’hyperkératose.
Chez les chiens qui survivent au virus, la guérison est lente et souvent incomplète : des séquelles, plus ou moins importantes, peuvent demeurer.
Il n’existe pas de traitement permettant de venir à bout du morbillivirus responsable de la maladie de Carré, les traitements proposés seront donc symptomatiques, palliatifs et/ou préventifs.
À titre préventif, le vaccin est la meilleure solution pour protéger les chiens de la maladie de Carrée et peut être administré dès les 6 semaines d’un chiot.
La couverture vaccinale est, en outre, essentielle pour venir à bout du virus sur le territoire français, les chiens vaccinés faisant office de véritables « barrières » qui empêche la maladie d’infecter de nouveaux foyers et de se propager.
Questions fréquemment posées par les maîtres sur la maladie de Carré chez le chien
Oui, la maladie de Carré est mortelle dans la plupart des cas. Elle est particulièrement grave chez les chiots et les animaux au système immunitaire faible, mais peut aussi entraîner la mort de chien en pleine santé.
Il n’existe, pour l’heure, aucun traitement permettant de venir à bout du virus responsable de la maladie et de guérir l’animal infecté.
Il est cependant possible de mettre en place des traitements pour soigner les symptômes du chien (fièvre, tremblements, écoulements nasaux, troubles gastriques…) et amoindrir sa douleur.
Des antiviraux peuvent aussi aider à enrayer la prolifération du virus, mais pas à le faire disparaître.
Oui, et il est hautement recommandé chez tous les chiens pour leur éviter de souffrir de cette maladie souvent mortelle est très difficile à traiter.
C’est la même chose : le distemper est le nom du virus qui cause la maladie de Carré.
Aussi, si votre chien a été vacciné contre le distemper, il est protégé contre la maladie de Carré.
Depuis 1989, la loi française considère la maladie de Carré comme un vice rédhibitoire, vous pouvez donc vous faire rembourser un chiot malade si vous pouvez prouver qu’il a été infecté avant la vente.
Pour ce faire, un vétérinaire doit constater les symptômes de la maladie et suspecter une infection par le distemper dans les huit jours calendaires suivant la remise du chiot à son propriétaire.
Le maître dispose ensuite de 30 jours pour réaliser les démarches et demander un remboursement.
Seul un vétérinaire pourra déceler une infection par le distemper, celui-ci présentant des symptômes très variables qui rendent difficile le diagnostic de la maladie.
Des symptômes non spécifiques sont souvent observables (fièvre, fatigue, troubles gastriques…), puis des symptômes respiratoires et oculaires caractérisés par des écoulements nasaux et oculaires importants.
Viennent ensuite des troubles nerveux, plus caractéristiques, lorsque la maladie est à un stade avancé de son évolution.
La maladie de Carré est un véritable fléau chez nos amis les chiens et, malgré son recul en France, elle reste une affection courante qui se solde souvent par la mort de l’animal.
Le meilleur moyen d’en protéger votre meilleur ami est de le faire vacciner par un vétérinaire en fonction du calendrier vaccinal qu’il planifiera spécialement pour votre toutou.
Il est aussi crucial d’adopter un chiot dans un élevage sérieux où les animaux sont déjà tous vaccinés et où le chiot a lui aussi été vacciné au plus tôt.
En outre, n’oubliez pas qu’il ne faut jamais négliger les changements de comportements et les symptômes que votre chien peut présenter, même s’ils semblent anodins.
Une soudaine fatigue, des écoulements nasaux ou de simples troubles gastriques peuvent en effet cacher une pathologie grave, maladie de Carré ou non.
Une visite chez votre vétérinaire, ou a minima un coup de téléphone, vous permettront de savoir ce qu’il en est et, en cas de problème, de soigner votre chien dès les prémices de la maladie ce qui augmente très significativement ses chances de survie.
Il vous reste des questions sur la maladie de Carré ? Posez-les-nous en commentaire de cet article ou venez partager votre expérience !