Le lupus du chien est une maladie consécutive à un dysfonctionnement du système immunitaire, que l’on rencontre sous une forme cutanée et systémique.
Bien que ces deux formes n’impliquent pas les mêmes conséquences pour la santé de l’animal, le lupus est toujours une maladie sérieuse qui nécessite une prise en charge vétérinaire.
Pour offrir à votre animal le meilleur pronostic, il est donc essentiel de savoir reconnaître les signaux qui devraient vous alerter et vous pousser à consulter rapidement.
Le lupus du chien, c’est quoi ?
Le lupus du chien est une maladie auto-immune pouvant toucher uniquement la peau du chien ou son organisme complet. C’est une pathologie relativement rare chez le chien.
On parle de lupus érythémateux cutané lorsque les lésions concernent uniquement la peau de l’animal, et de lupus érythémateux systémique lorsque les atteintes concernent différents organes.
Le lupus est une maladie auto-immune du chien
Les maladies auto-immunes sont caractérisées par une réaction de l’organisme qui se met à produire des anticorps dirigés contre ses propres cellules.
En d’autres termes, le système immunitaire de l’animal ne reconnaît pas certaines constituantes de son corps et les agresse comme s’il s’agissait de pathogènes extérieurs.
L’auto-immunité peut être non pathologique, auquel cas on parle d’autoréactivité, ou pathologique. Dans ce dernier cas, on parle alors d’autoagressivité, un mécanisme provoquant des lésions ou des troubles fonctionnels.
Le diagnostic d’une maladie auto-immune est actuellement encore très complexe, car l’action des anticorps contre les cellules de l’organisme est difficile à mettre en évidence. C’est donc souvent un diagnostic qui est posé via l’éviction d’autres hypothèses.
Lupus érythémateux cutané du chien
Le lupus érythémateux cutané du chien est une forme de dermatose auto-immune provoquant des lésions spécifiques, qui peuvent être présentes dans d’autres maladies, mais sont classiquement rattachées au lupus.
Auparavant nommé lupus discoïde canin, une dénomination discutée et peu à peu évincée du jargon vétérinaire, le lupus érythémateux cutané du chien est aussi appelé dermatose lupique.
Notons que sa dénomination est actuellement en pleine refonte à mesure que les connaissances scientifiques en la matière évoluent.
L’utilisation du terme discoïde est notamment discutée, car il renvoie à une forme de lésion en plaques très spécifiques qui ne correspond pas à toutes les manifestations cliniques du lupus cutané, et dont ce dernier ne serait, par ailleurs, pas forcément à l’origine.
Dans les faits, le lupus ne provoquerait pas une dermatose particulière, mais serait impliqué dans différentes affections cutanées du chien.
Cette relation entre le lupus et les différentes dermatoses du chien est de plus en plus étudiée, et on rattache désormais la dermatose ulcérative du Colley et la dermatose du Braque Allemand à ce trouble immunitaire.
D’autres types de troubles cutanés, comme la dermatose ulcérative idiopathique ou la dermatose vésiculeuse, semblent également en lien avec le lupus. (1)
Lupus érythémateux systémique du chien
Le lupus érythémateux systémique du chien, à l’inverse du lupus cutané, peut affecter différentes fonctions de l’organisme – dont la peau. Cette affection est aussi nommée syndrome lupique.
Il s’agit de la forme de lupus la plus sévère, qui présente un pronostic réservé. Presque tous les tissus de l’organisme du chien peuvent être affectés par cette pathologie, ce qui peut engendrer des atteintes fonctionnelles graves et étendues, nuisant au fonctionnement des organes vitaux de l’animal.
Causes du lupus chez le chien
Les mécanismes à l’origine du lupus chez le chien sont encore mal élucidés, mais de nombreuses hypothèses ont été avancées pour tenter d’expliquer sa survenue.
Il convient de noter que, même s’il reste nébuleux, le lupus canin est un sujet très étudié, cette pathologie se retrouvant aussi chez l’homme – la recherche en médecine vétérinaire est toujours plus dynamique lorsqu’elle est susceptible d’apporter des avancées à la médecine humaine.
Aujourd’hui, une prédisposition familiale est suspectée en premier lieu. De fait, on observe de nettes prédispositions raciales, avec une surreprésentation des Bergers Allemands et une forte héritabilité (l’incidence diminue lorsque des individus sains sont intégrés dans une lignée).
Si des observations empiriques ont permis d’émettre l’hypothèse solide de l’intervention d’un facteur génétique, aucun gène n’a encore pu être formellement identifié.
La question d’une transmission infectieuse a également été soulevée, des expériences démontrant que des chiots nés d’une mère atteinte d’un lupus élevés à l’écart de cette dernière ne développaient pas la maladie, au contraire de ceux élevés à son contact.
D’autres études appuient cette hypothèse – à l’heure actuelle controversée – comme l’observation de signes évoquant un syndrome lupique chez les chiens appartenant à des maîtres humains lupiques. Toutefois, aucun virus n’a pu être incriminé pour le moment.
Les facteurs hormonaux pourraient également entrer en jeu, le lupus érythémateux systémique affectant principalement les mâles, tandis que le lupus érythémateux cutané touche préférentiellement les femelles.
Une étude portant sur les chauves-souris suggère notamment que les œstrogènes pourraient avoir un effet aggravant, tandis que les androgènes auraient un effet protecteur.
Il s’avère également que, chez l’humain, les lupus survenant avant la puberté s’avèrent plus virulents que ceux survenant après la ménopause, des observations qui ont conduit à préjuger de l’implication de facteurs hormonaux chez le chien par extrapolation.
Enfin, des facteurs environnementaux ont aussi été évoqués. Certains médicaments pourraient être impliqués dans l’apparition de lupus (moins sévères que les formes spontanées), ainsi que certaines toxines, tels que les métaux lourds, la silice, l’amiante ou les hydrocarbures. (2)
Symptômes du lupus chez le chien
L’expression du lupus érythémateux systémique du chien peut impliquer des symptômes très variés et peu spécifiques.
On observe généralement une altération de l’état général du chien, qui peut se traduire par des épisodes de fièvre, une fatigue exacerbée, des difficultés respiratoires et des troubles neurologiques.
Cette détérioration de l’organisme est la conséquence de différentes pathologies imputables à l’autoagressivité du système immunitaire de l’animal.
La destruction des cellules saines de l’organisme par ses propres anticorps est notamment susceptible d’occasionner insuffisance rénale, troubles de la coagulation, péricardites, myocardites, lymphœdèmes, neuropathies, pneumopathies inflammatoires et pleurésies.
La survenue de symptômes articulaires et osseux, et plus particulièrement de polyarthrites et polymyosites, est également typique de la maladie.
Ces derniers se manifestent par des gonflements au niveau des articulations, des boiteries et des épanchements synoviaux, souvent symétriques.
Les articulations affectées sont préférentiellement celles des doigts, des poignets, de la hanche, du coude et du grasset.
Enfin, des signes cutanés sont typiques d’un lupus érythémateux systémique. On observe alors des ulcères de la peau et des muqueuses, ainsi que des érosions, squames, érythèmes, pelades (alopécies) et croûtes.
Les sites de prédilection de ces lésions cutanées sont le visage du chien, et notamment ses oreilles, ainsi que le bout de ses doigts.
Le lupus érythémateux cutané se manifeste, pour sa part, uniquement via des troubles cutanés pouvant comprendre typiquement une dépigmentation de certaines zones, une érosion, des ulcères et des squames.
La truffe est souvent la première zone atteinte, voire la seule. Les pavillons auriculaires peuvent également être concernés, tout comme les jonctions cutanéomuqueuses et les membres.
Il n’est pas toujours évident de distinguer les symptômes d’un lupus érythémateux cutané de ceux résultant d’un lupus érythémateux systémique à expression cutanée.
De manière générale, on estime que les lésions causées par un lupus érythémateux cutané sont moins étendues et moins sévères que celles provoquées par lupus systémique.
Traitement et pronostic
Le diagnostic et le traitement du lupus du chien sont délicats, comme c’est encore le cas de la plupart des maladies auto-immunes chez les animaux et les humains.
Le diagnostic de la maladie passe en bonne partie par l’exclusion d’autres hypothèses. Des biopsies et analyses histologiques peuvent également permettre de mettre en évidence des signes biologiques évocateurs d’un lupus.
Comme dans le cas de toutes maladies auto-immunes, le contrôle de lupus passe par une modification de la réponse immunitaire de l’organisme.
Un traitement comprenant des immunosuppresseurs ou des immunomodulateurs, médicaments destinés à supprimer ou moduler la réaction immunitaire, est généralement prescrit. Dans certains cas, des anti-inflammatoires peuvent jouer le rôle d’immunosuppresseurs.
Les médicaments cytotoxiques peuvent aussi être envisagés pour éliminer les cellules rebelles qui s’attaquent à l’organisme du chien. Leur action est relativement similaire à celle d’une chimiothérapie.
Bien que peu pratiquée en médecine vétérinaire, la dialyse peut aussi permettre d’éliminer les anticorps problématiques lors de poussées aiguës chez un chien lupique.
Ce procédé semble offrir de bons résultats, mais est rarement proposé du fait de son coût et de ses contraintes.
Le lupus érythémateux cutané est considéré comme moins grave, et offre généralement pronostic plutôt positif. La forme systémique du lupus est plus problématique, le pronostic de l’animal reste délicat.
En définitive, le pronostic de l’animal est toujours conditionné par sa réponse au traitement mis en œuvre. (3)
Questions fréquemment posées
Le lupus est une pathologie complexe, encore difficile à diagnostiquer et à traiter actuellement.
Il peut être possible d’en contrôler les symptômes à l’aide de médicaments immunosuppresseurs, mais tous les chiens ne répondent malheureusement pas favorablement à ce type de traitement.
Les symptômes du lupus du chien ne sont pas toujours très spécifiques. On observe généralement une détérioration de l’état général du chien, des troubles articulaires, une fatigue exacerbée, des troubles neurologiques, des épisodes de fièvre et l’apparition de lésions cutanées.
En règle générale, il est hautement conseillé de consulter un vétérinaire lorsque vous constatez toute modification de l’état de santé ou du comportement de votre animal.
Si vous suspectez votre chien d’avoir un lupus, il est essentiel de le conduire chez un vétérinaire qui confirmera – ou infirmera – cette hypothèse et mettra en place un traitement adapté.
Le lupus est une maladie rare chez le chien, un animal qui présente des troubles cutanés a donc plus de chances de souffrir d’un autre type de dermatose.
Toutefois, l’hypothèse du lupus ne peut pas être écartée sans l’avis d’un vétérinaire. Par ailleurs, toute pathologie cutanée, lupique ou non, devrait vous pousser à consulter.
Le lupus est une maladie aussi grave chez le chien que chez l’humain, contre laquelle la médecine vétérinaire peine encore à lutter.
Comme toutes les maladies auto-immunes, elle survient lorsque l’organisme du chien se retourne contre lui et attaque ses propres tissus, occasionnant des lésions pouvant être létales.
Par ailleurs, l’absence de symptômes spécifiques rend son diagnostic particulièrement délicat et retarde souvent sa prise en charge.
Toutefois, le lupus étant aussi une maladie qui concerne les bipèdes, il fait l’objet de nombreuses recherches et les connaissances médicales en la matière pourraient donc rapidement évoluer et apporter de nouveaux espoirs.
Vous avez des précisions à nous apporter sur le lupus du chien ?