CaniprofSanté du chienIchtyose du chien : Causes, Symptômes, Traitements ?

Ichtyose du chien : Causes, Symptômes, Traitements ?

L’ichtyose du chien est une maladie de la peau rare, qui donne au derme un aspect atypique, relativement semblable à des écailles de poisson.

Si on la retrouve essentiellement chez le Golden Retriever, cette affection de santé peut toucher différentes races de chiens, et existe également chez l’humain.

de l'Ichtyose chez un chien

Aujourd’hui, je vous propose d’en apprendre davantage sur cette curieuse maladie qu’est l’ichtyose du chien, ses symptômes, ses causes et ses traitements.

L’ichtyose du chien, c’est quoi ?

L’ichtyose du chien est une dermatose, c’est-à-dire une maladie de la peau, d’origine génétique. Elle tire son nom du mot grec Ichtyus, « poisson », car elle donne à la peau un aspect relativement semblable à des écailles.

Concrètement, l’ichtyose correspond à une kératinisation anormale de la peau, qui engendre une accumulation de squames en forme d’écailles de poissons à la surface du derme. La peau, au lieu d’être lisse et d’aspect uniforme, est alors rugueuse.

Si on a longtemps parlé de l’ichtyose canine au singulier, on parle désormais d’ichtyoses du chien au pluriel, car le terme fait allusion à un ensemble de dermatoses génétiques.

Ces dernières présentent des caractéristiques communes, mais des expressions cliniques variables dans leurs symptômes et leur gravité, ainsi que des réponses très hétérogènes aux traitements existants.

L’étude de ces pathologies est encore nouvelle et peu documentée, et la science se penche aujourd’hui sur les ichtyoses canines pour avancer sur celles qui accablent l’humain, ce dernier pouvant en développer des formes particulièrement graves.

Pour l’heure, la médecine vétérinaire distingue deux types d’ichtyose canine, les épidermolytiques et les non-épidermolytiques, bien que cette classification soit imparfaite, de nombreux cas ne pouvant y rentrer.

Les ichtyoses épidermolytiques, rares, consistent en un défaut de synthétisation des kératines épidermiques, probablement provoqué par un déficit en kératine 10.

La kératine est une protéine fibreuse qui est une des composantes principales des phanères (griffes, poils, etc.) et que l’on retrouve en grande quantité dans l’épiderme.

Sa présence dans l’épiderme offre notamment à la peau du chien son imperméabilité, ainsi qu’une protection contre les éléments extérieurs, et notamment les UV.

Cette forme d’ichtyose est essentiellement décrite chez le Norfolk, le Cavalier King Charles, le Rhodesian Ridgeback et le Labrador, ainsi que chez les croisés Labrador.

Les ichtyoses non-épidermolytiques, plus fréquentes, sont consécutives à un déficit en transglutaminase 1.

La transglutaminase 1 est une enzyme permettant de catalyser le développement de l’enveloppe cornée au stade fœtal. Sans l’impulsion de cette enzyme, la kératinisation ne se produit pas correctement, et la peau est anormalement fragile.

Ce déficit en transglutaminase 1 est essentiel pour distinguer les ichtyoses non épidermolytiques des ichtyoses épidermolytiques.

Les races de chiens principalement concernées par ce trouble sont le Golden Retriever, le Cairn Terrier, le Jack Russell Terrier et les Bulldog Américains. (1,2)

Causes de l’ichtyose du chien

L’ichtyose du chien est un trouble génétique, probablement héréditaire. L’affection se développe à la suite d’une mutation génétique qui altère la corticogénèse (ou kératinisation).

Autrement dit, les gènes du chien porteur de la mutation ne sont pas programmés correctement pour contrôler l’action des kératines ou de la transglutaminase, ce qui provoque une anomalie de développement de l’épiderme.

Le mode de transmission de cette mutation génétique n’est pas encore élucidé, sauf chez le Jack  Russell Terrier et le Norfolk, où il a été identifié comme autosomique récessif.

Un mode de transmission récessif implique que certains chiens soient porteurs sains de la mutation génétique, ce qui complexifie grandement le contrôle de cette pathologie.

Pour cause, on estime que près de la moitié des Golden Retriever seraient des porteurs sains de l’anomalie responsable de l’ichtyose canine.

Puisque les porteurs sains ne tombent pas malades et ne développent aucun symptôme, ils ne sont presque jamais écartés de la reproduction, et répandent alors la mutation au sein de la population canine.

Il existe pourtant un test ADN qui permet de déceler les Golden Retriever porteurs de l’anomalie, mais celui-ci est encore bien trop peu pratiqué par les éleveurs canins. (3)

Symptômes de l’ichtyose du chien

Les symptômes de l’ichtyose du chien varient en fonction de chaque pathologie, le terme, rappelons-le, rassemblant divers troubles très hétérogènes.

Typiquement, l’ichtyose non épidermolytique, que l’on rencontre essentiellement chez le Golden Retriever, se traduit par un pelage terne et une peau parsemée de squames blancs ou gris en forme d’écailles de poisson.

Les squames se retrouvent sur l’ensemble de la peau, bien que le visage du chien soit parfois épargné. Les lésions sont davantage visibles lorsque l’on tond le chien, ce qui permet d’observer une peau parsemée de polygones très symétriques.

Au cours de la croissance du chien, ces squames se pigmentent et deviennent foncées, ce qui donne au pelage du chien un aspect toujours sale, plein de pellicules noires.

Le chien a généralement tendance à perdre des poils (pelades), ce qui laisse apparaître une peau rugueuse et irrégulière.

Des surinfections bactériennes et/ou fongiques de surface sont souvent observées, car la barrière épidermique est compromise, ce qui rend la peau significativement plus sensible aux pathogènes.

L’ichtyose épidermolytique, essentiellement décrite chez le Cavalier King Charles, provoque des pelades souvent importantes dévoilant des zones glabres où on observe une peau rugueuse et épaisse.

Typiquement, des squames très pigmentées sont visibles autour des mamelons de l’animal, et on constate toujours un épaississement du derme des coussinets.

Le pelage est particulièrement terne et abîmé, et son aspect peut être profondément altéré, devenant laineux, court, ou encore frisottant.

Des symptômes non spécifiques s’ajoutent généralement à la maladie. Les chiens atteints d’ichtyose épidermolytique sont souvent rachitiques ou accablés de retards de croissance, et souffrent fréquemment de kérato-conjonctivite sèche. (4)

Traitement et pronostic de l’ichtyose du chien

Le traitement de l’ichtyose du chien est délicat, et dépend grandement de la gravité des lésions observées, hautement corrélée à la race concernée. Il ne permet pas de guérir la maladie, mais seulement d’accroître la qualité de vie du chien.

Dans les cas les moins graves, le traitement est uniquement symptomatique et vise à contrôler la production de squames et à hydrater la peau.

Pour ce faire, le vétérinaire prescrit généralement des lotions kératomodulatrices à base de soufre, d’émollient et d’acide salicylique permettant de réguler la production de cellules cornéennes.

Des acides gras essentiels peuvent être administrés par voie orale en complément pour limiter la production de sébum qui tend à déshydrater la peau.

Face aux formes plus évoluées d’ichtyoses canines, le traitement peut inclure des applications de propylène glycol sur la peau de l’animal deux à trois heures avant de lui administrer un shampooing kératomodulateur.

Le propylène glycol est utilisé en médecine vétérinaire pour calmer les inflammations et les démangeaisons topiques.

Lorsque le chien ne répond pas aux traitements présentés ci-dessus, un traitement médical à base de rétinoïdes est parfois mis en œuvre.

Les rétinoïdes sont des composés chimiques permettant de réguler la croissance des cellules épithéliales, qui ne doivent être utilisés que sous étroite surveillance thérapeutique.

Ce sont en effet des substances tératogènes (engendrant des malformations fœtales chez la chienne gestante) présentant bon nombre d’effets secondaires significatifs (kératoconjonctivite sèche, troubles hépatiques, etc.).

Un traitement antibiotique et/ou antifongique vient parfois compléter le tout lors de surinfections de surface.

Le pronostic des formes bénignes d’ichtyose canine, que l’on observe essentiellement chez le Golden Retriever et le Cairn Terrier, est plutôt bon.

Il est plus délicat dans les formes modérées, typiques de Terrier du Norfolk, et devient réservé chez le Jack Russel Terrier et le Bouledogue Américain.

Pour le Labrador Retriever et les croisés Labrador, le pronostic est sombre. Ces races développent souvent les formes les plus sévères, qui peuvent profondément altérer leur qualité de vie.

Questions fréquemment posées par les maîtres

Mon chien a une ichtyose, est-ce grave ?

La gravité de l’ichtyose du chien dépend de la race concernée et de chaque pathologie. C’est en effet une maladie aux multiples facettes, et il ne serait pas exagéré de dire que chaque chien a son ichtyose.

Il n’existe pas de traitement pour guérir l’ichtyose, mais, dans les formes légères et modérées, des soins réguliers peuvent permettre au chien de conserver une bonne qualité de vie.

Dans les cas les plus sévères, qui sont heureusement les plus rares, la maladie ne répond pas toujours aux traitements, et la qualité de vie de l’animal peut beaucoup se dégrader.

Peut-on guérir l’ichtyose du chien ?

Non, actuellement on ne peut pas guérir l’ichtyose du chien. Les traitements qui existent visent simplement à soulager les symptômes du chien pour améliorer sa qualité de vie.

Il faut toutefois noter que le secteur de la recherche sur l’ichtyose du chien est en pleine ébullition, car les progrès réalisés dans le monde canin bénéficient hautement à l’ichtyose humaine, encore très mal connue aujourd’hui.

De nouveaux traitements, pour les humains comme pour leurs compagnons à quatre pattes, pourraient donc bientôt voir le jour !

Comment soigner l’ichtyose du chien ?

L’ichtyose du chien se traite essentiellement à travers des soins ciblant les symptômes, afin d’améliorer la qualité de vie de l’animal.
Il convient essentiellement de garder la peau du chien saine et bien hydratée, et de tenter de réguler sa production de sébum et de squames.

Quelles sont les races de chiens prédisposées à l’ichtyose ?

Le toutou le plus concerné par l’ichtyose canine est le Golden Retriever, qui développe heureusement le plus souvent une forme légère de la maladie.

On considère, par ailleurs, que près de la moitié des Golden Retriever sont porteurs de la mutation génétique à l’origine de l’ichtyose : il est donc essentiel d’exiger un test génétique lorsque vous envisagez d’adopter un chiot.

Le Cavalier King Charles, le Jack Russell, le Cairn Terrier et le Norfolk sont aussi parmi les plus représentés. Labrador, quant à lui, est rarement concerné, mais, quand il l’est, développe souvent les formes les plus graves.

L’ichtyose du chien est une maladie encore très mystérieuse, mais sur laquelle la science devrait bientôt être amenée à faire des progrès.

Le Golden Retriever fait un sujet d’étude de choix, car il est fréquemment atteint d’une forme d’ichtyose relativement semblable à celle que l’on trouve chez les humains : c’est même grâce à lui que le gène responsable de l’ichtyose humaine a été découvert !

Pour l’heure, on ne peut qu’espérer voir la recherche avancer, car les traitements actuellement disponibles offrent malheureusement des résultats très variables, et parfois insuffisants.

Vous êtes le propriétaire d’un Golden Retriever atteint d’ichtyose canine ? Partagez votre expérience dans les commentaires !