CaniprofSanté du chienLes conséquences dramatiques de la mode des chiens à museau court

Les conséquences dramatiques de la mode des chiens à museau court

Les chiens à nez court, ou chiens brachycéphales, font craquer bien des maîtres avec leurs bouilles aussi originales qu’adorables, qui leur donne tant l’air gentils qu’uniques.

Malheureusement, ces adorables petites têtes aplaties ont été victimes d’une mode destructrice, qui a poussé les éleveurs à effectuer des sélections toujours plus poussées jusqu’à obtenir des spécimens hypertypés souffrant de graves troubles physiques impactant directement leur santé et leur durée de vie…

carlin

L’hypertype chez le chien

L’hypertype est une dérive des éleveurs peu scrupuleux, qui consiste à effectuer des sélections toujours plus poussées pour exacerber les aspects physiques typiques de certaines races de chiens, quitte à handicaper gravement l’animal.

Les chiens brachycéphales ne sont pas les seuls à en être victimes, mais ils sont sans nul doute ceux qui en souffrent le plus sur un plan physique.

On retrouve cependant aussi ce problème chez les Bergers Allemands, dont la ligne dorsale a été si travaillée que la plupart des spécimens souffrent de dysplasies de la hanche congénitales.

Les Bearder Collies ont aussi souffert de sélections visant à augmenter la longueur et la densité de leur pelage, si bien que certains chiens ne peuvent même plus se déplacer correctement.

Les Cane Corso et les Shar Peï ont vu les plis de leur peau être tant exagérés qu’ils ont développé des malformations des paupières (entropions et ectropions) et sont accablés par bien des maladies cutanées.

Les chiens courts sur pattes, comme le Teckel et le Basset Hound, ont été tellement raccourcis qu’ils développent régulièrement des troubles vertébraux, menant parfois à une paralysie totale des membres postérieurs.

Chez les Cavaliers King Charles, le crâne a été rétréci pour donner des airs de chiots permanents aux chiens adultes.

Leurs yeux ronds et exorbités sont particulièrement sensibles aux infections et aux troubles congénitaux, et leurs longs poils duveteux causent des otites à répétition.

Pour le Bull Terrier, c’est aussi le crâne qui a été modifié pour devenir plus bombé, à tel point que ce pauvre toutou ne peut même plus communiquer avec ses congénères.

Ses pairs ne reconnaissent en effet pas les expressions faciales de ce visage qui n’a plus rien de canin, menant le Bull Terrier à développer des troubles sociaux, s’ensuivant inévitablement de comportements déviants et agressifs.

En définitive, presque aucune race ni espèce domestique (les chats et les chevaux sont aussi concernés) n’est épargnée par l’hypertype, qui impacte aussi le comportement de nos amis les chiens.

À titre d’exemple, les Pointers ont un instinct de chasse si poussé qu’ils en sont devenus presque incontrôlables à cause de sélections visant à obtenir des chiens plus performants.

C’est aussi le cas de nombre d’autres chiens devenus beaucoup trop énergiques et surexcités, comme certains Caniches et Terriers (1).

Bouledogue, Carlins et Boston Terrier, les grandes victimes de la mode

Les races de chiens les plus abimées par l’hypertype demeurent néanmoins celles victimes de la mode, la tendance allant ces temps-ci vers les petits chiens à museau plat.

Aussi, si le Bouledogue Français se situe en 8ème place des chiens les plus vendus dans l’hexagone en 2018, il bat des records en Australie et en Nouvelle-Zélande, aux côtés de ses cousins les Carlins, Bouledogues Anglais et Boston Terriers.

Les chiens à museaux plats connaissent en effet un grand succès depuis les années 80 et souffrent cruellement de l’avidité de certains éleveurs peu scrupuleux qui n’hésitent pas à mettre en jeu leur santé et leur survie.

Chez ces races, le crâne de l’animal a été tellement modifié par les sélections que leurs voies respiratoires ont rétréci, les empêchant de respirer correctement.

Pour les maîtres non avertis, le ronflement des petits bouledogues est attendrissant, ses petits grognements aussi, et il en est de même pour son corps ramassé et plissé que l’on trouve si mignon.

En réalité, les chiens brachycéphales souffrent de problèmes respiratoires et ont même toutes les peines du monde à survivre aux températures élevées puisqu’ils ne peuvent se ventiler correctement pour abaisser leur température corporelle.

Leurs squelettes ramassés provoquent des difficultés à se mouvoir, et les chiennes Bouledogues doivent même accoucher par césarienne dans la majorité des cas.

Quant aux plis exacerbés de leur peau, ils provoquent des irritations et démangeaisons, engendrant parfois des affections cutanées plus graves.

C’est pour cela qu’il est commun de voir ces jolis chiens se gratouiller sans cesse, entre deux reniflements bruyants, la langue toujours pendue pour tenter de mieux respirer.

Enfin, les chiens à museau plat présentent aussi très souvent des troubles gastriques et une tendance à l’embonpoint, pour une espérance de vie des plus basses, une exception révélatrice puisque les chiens de petite taille sont censés vivre bien plus longtemps que les grands.

Les éleveurs ne sont pas les seuls à blâmer dans le développement des hypertypes, puisqu’ils répondent à une demande des maîtres qui veulent avoir des chiens au physique original et attendrissant.

Si des rappels à l’ordre ont été émis par les grandes organisations cynophiles pour tenter d’endiguer les sélections abusives, les chiens brachycéphales restent toujours victimes de l’hypertype.

Ils risquent, en outre, de le rester tant qu’ils seront à la mode pour les mauvaises raisons… À savoir pour leur physique rendu si particulier par les sélections qui font leur malheur.