Votre chien vous mène la vie dure, semble toujours agité, incontrôlable, infatigable et réagit aux moindres stimuli présents dans son environnement ?
Il se peut qu’il soit atteint du syndrome HSHA, un trouble qui peut être assimilé au TDAH (Trouble de Déficit de l’Attention et Hyperactivité) que l’on retrouve chez l’enfant humain.
Ce syndrome, que l’on attribue souvent à tort à de l’entêtement ou de la désobéissance, est en réalité dû à une incapacité du chien à maîtriser ses émotions.
Pour les profanes, cela ressemble cependant davantage à un comportement déviant qui mène malheureusement à de nombreux abandons d’animaux chaque année.
Ce trouble émotionnel et psychologique peut plonger votre animal dans un grand état de détresse, surtout lorsqu’il est incompris ou négligé.
Pour mieux comprendre le syndrome HSHA du chien, cet article vous propose un tour d’horizon de ses causes et de ses symptômes, ainsi que des solutions existantes pour y remédier.
Qu’est-ce que le syndrome HSHA du chien ?
L’Hyper Sensibilité (HS)
L’hypersensibilité du chien est directement liée à un défaut de maternage, c’est-à-dire à une séparation trop précoce du chiot et de sa mère.
Ce trouble se développe généralement lorsque le chiot a été enlevé à sa mère aux alentours de sa 3e semaine de vie, soit bien avant les deux mois de sevrage indispensables à son bien-être.
Du fait de cette séparation brutale, le chiot est amené à découvrir le monde par ses propres moyens et sans le sentiment de sécurité que lui aurait fourni l’accompagnement de sa mère.
Il développe alors un défaut de filtre sensoriel, car il se sent instinctivement en permanence en danger durant cette période de découverte.
Le chiot ne pouvant se sécuriser auprès de sa mère durant les premiers jours de sa vie en milieu inconnu aura donc tendance à se montrer hyper vigilant et hypersensible aux stimuli extérieurs.
L’Hyper Activité (HA)
L’hyperactivité est issue du même type de problème induit par une séparation trop précoce du chiot et de sa mère.
Ce trouble serait cependant lié à une séparation plus tardive que celle entraînant une hypersensibilité, survenant aux alentours de la 4e semaine de vie du chiot.
La mère n’est alors pas présente pour apprendre aux chiots de sa portée à modérer leurs jeux alors qu’ils commencent à se mordiller et à se bousculer entre eux.
Cette étape essentielle de la vie du chiot est nommée l’apprentissage de la morsure inhibée, et est habituellement inculquée par la mère.
Les chiots sont ainsi supposés apprendre les règles de vie en groupe sous la gouverne de la chienne, et notamment l’importance de modérer leurs ardeurs pour ne pas se blesser lors des jeux.
Un chien hyperactif aura donc des défauts d’autocontrôle et parviendra difficilement à modérer sa force et son enthousiasme lorsque l’envie lui prendra de s’amuser avec ses congénères ou son maître.
Incapable de se limiter, il aura tendance à en demander toujours plus sans jamais parvenir à mesurer ses actions.
Dans le cas du HS comme du HA, il est également possible que la mère des chiots ait bel et bien été présente jusqu’au sevrage. Certaines chiennes sont cependant trop immatures, fatiguées ou peu impliquées dans l’éducation de leur chiot pour prendre soin de le sécuriser lors de ses premiers pas dans le monde ou pour lui inculquer la morsure inhibée.
De fait, il ne faut pas écarter la possibilité de l’existence d’un syndrome HSHA chez un chien à cause du simple fait qu’il est bien demeuré aux côtés de sa mère jusqu’à ses deux mois.
A contrario, il ne faut pas supposer à tort et à travers qu’un chien casse-cou ou turbulent – ayant ou non été séparé de sa mère trop jeune – est systématiquement atteint du syndrome HSHA. (1)
Comment reconnaître un chien HSHA ?
Selon les spécimens, l’expression du trouble HSHA peut être soit modérée, soit franchement insupportable pour les maîtres et les congénères de l’animal.
Les aspects du syndrome HSHA chez le chien sont très divers et peuvent grandement varier d’un individu à l’autre, notamment en fonction de l’âge du spécimen.
La plupart des maîtres se plaignent en premier lieu de comportements destructeurs, d’une agitation perpétuelle, de malpropreté, de vocalises et parfois même d’agressivité.
Le chien HSHA et le sommeil
Un chien atteint de ce symptôme souffrira d’un manque profond de sommeil. Au lieu de s’apaiser la nuit, cela deviendra pour lui un long moment où, le sommeil étant absent, il va continuer à s’agiter, à explorer, peut-être à faire ses besoins, à transporter et parfois détruire des objets, etc…
Ce symptôme est assez facile à observer. Si votre chien dort moins de 8h par nuit, il y a de fortes chances qu’il soit atteinte de ce syndrome (+ symptômes listés plus bas pour confirmer). Un traitement médicamenteux (voir plus bas pour les détails) sera obligatoire pour l’aider à se reposer et ainsi “supprimer” une longue période chaque jour d’activité, d’anxiété, de destructions, etc….
Le chien HSHA et la nourriture
Les chiens atteints du syndrome HSHA sont connus pour être de vrais petits voleurs, que cela concerne la nourriture ou les affaires personnelles du maître.
Certains chiens HSHA ont une mauvaise perception du sentiment de satiété et vont avoir tendance à dérober toutes les victuailles qui leur tombent sous la patte, à ingérer de trop grandes quantités d’aliments qu’ils vont ensuite régurgiter, puis réingerer.
Que ce soit lors de la prise de boisson ou d’aliments, les chiens HSHA ont aussi l’habitude de manger particulièrement salement, parfois en renversant leur gamelle ou en y plongeant leurs pattes.
Le chien HSHA et l’anxiété
Les chiens présentant des troubles HSHA peuvent adopter des gestes et attitudes compulsifs visant à calmer leur stress et leur anxiété.
Un rituel répandu chez ces animaux hypersensibles et de tourner sur eux-mêmes sans raison apparente, un comportement qui apparaît souvent vers l’âge de 3 ou 4 mois.
Le chiot prend alors l’habitude de répéter ce mouvement en cas de montées d’angoisse, une attitude qui ouvre la porte à l’apparition de nouvelles activités substitutives dans le futur (notamment le toilettage compulsif).
Le chien HSHA et la malpropreté
La malpropreté est un symptôme récurrent chez les chiens HSHA que les maîtres ont souvent beaucoup de mal à supporter.
Pourtant, en se penchant sur la source du problème on s’aperçoit rapidement qu’il est complètement contre-productif de punir un chien qui se soulagerait au domicile de son maître.
L’animal agit en effet ainsi pour répondre à son besoin de se trouver dans un environnement calme et familier pour faire ses besoins.
Hyper vigilant et hypersensible, il privilégiera donc l’intérieur d’une maison plutôt que l’extérieur qui lui procure un sentiment d’insécurité.
Le chien HSHA et l’agressivité
Le chien HSHA n’est généralement pas véritablement agressif : c’est plutôt un chien qui a tendance à mordre sans le faire exprès.
Incapable de contrôler la force de sa mâchoire, il n’a pas non plus conscience des limites à respecter pour jouer dans les règles de l’art sans blesser son partenaire de jeu.
À l’âge de la puberté, les chiens présentant le trouble HSHA peuvent également se mettre à contester l’autorité de leur maître.
On attribue généralement ce comportement au fait qu’il est plus complexe d’établir un cadre hiérarchique stable avec un chien souffrant du trouble HSHA.
Le chien HSHA et ses congénères
est une étape complexe pour les chiens HSHA qui manquent de contrôle et se montrent souvent impulsifs.
Ce trouble entraîne notamment des incohérences dans la manière dont les chiots approchent les chiens adultes, et une mauvaise compréhension de la hiérarchie qui s’instaure naturellement entre les animaux.
Le chien HSHA va donc avoir tendance à être à l’initiative de contacts perçus comme agressifs par des chiens équilibrés.
Cela donne lieu à des rapports désordonnés, menant la plupart du temps à des conflits qui pousseront le chien à s’isoler de ses congénères faute de comprendre leur agacement face à son attitude.
Le chien HSHA et la promenade
Une promenade avec un chien HSHA n’est pas de tout repos pour le maître, car son compagnon se montre désordonné, dépassé par son environnement et excessif dans ses réactions.
Il aura fortement tendance à tirer sur sa laisse, à avaler tout ce qu’il croise sur son chemin et à réagir au moindre stimulus sans prendre le temps d’analyser la situation.
Attention également aux comportements fugueurs caractéristiques des chiens HSHA : ne détachez pas votre toutou dans un lieu où vous n’êtes pas sûr de pouvoir le récupérer ! (2)
Conséquences du syndrome HSHA du chien
La conséquence la plus désolante du syndrome HSHA chez le chien porte sur la détérioration de la relation entre l’animal et son maître.
Un chien présentant ce type de déséquilibre peut en effet s’avérer amusant durant les premiers mois de sa cohabitation avec sa nouvelle famille, mais devient rapidement insupportable et peut même se montrer menaçant.
Par ailleurs, ce trouble étant encore peu connu, de nombreux maîtres ne savent pas comment réagir face à un chien hyperactif ou hypersensible.
Ils ont alors tendance à sanctionner le comportement de cet animal “pot de colle” et trop émotif, ce qui ne peut qu’aggraver ses symptômes et son mal-être émotionnel.
Comment gérer un chien HSHA ?
Avant tout, il est important de proscrire toute violence ou brutalité à l’encontre d’un chien HSHA pour éviter d’aggraver son déséquilibre et son profond mal-être.
L’utilisation de la force et des sanctions est encore plus mal perçue chez les animaux atteints de ce type de troubles que chez ceux parfaitement équilibrés.
Employer des méthodes d’éducation négative risque au contraire de s’avérer contre-productif et d’inscrire la relation maître-chien dans une escalade de violence.
Il est plutôt conseillé de se tourner vers une thérapie comportementale qui prendra en compte la globalité des comportements troublés que manifeste votre chien.
L’apprentissage de l’animal sera axé sur l’autocontrôle, la gestion de la communication et des interactions, le retour au calme et le respect de la hiérarchie.
Dans le cas où ce type de thérapie serait insuffisant ou rendu impossible par l’excitation permanente de l’animal, il est également possible d’employer une méthode médicamenteuse complémentaire.
Il est toujours difficile de se résoudre à donner des médicaments, notamment des calmants à un chien, et c’est normal. Mais dans le cas d’un chien HSHA, surtout de stade 2, il est CRUCIAL de consulter un vétérinaire comportementaliste qui saura proposer une solution médicamenteuse adaptée, et bien dosée, pour aider votre chien à se calmer.
Ne le voyez pas comme un médicament visant à le shooter, comme on peut le voir parfois chez les humains et les Prozac ou Xanax distribués à tout va, si votre véto est BON, il proposera le JUSTE traitement pour AIDER votre chien à mieux dormir, à mieux gérer ses émotions, et donc à être tout simplement capable de suivre la thérapie comportementale !
Ce type de médication vise à favoriser l’apprentissage en aidant l’animal à se concentrer durant les séances éducatives et à diminuer son anxiété.
Quoi qu’il en soit, un chien atteint du trouble HSHA doit nécessairement être suivi par un professionnel de santé ou un comportementaliste canin expérimenté dans la prise en charge de ce type de cas.
Comment prévenir le syndrome HSHA du chien ?
Le meilleur moyen d’éviter de vous retrouver avec un compagnon atteint du syndrome HSHA est d’adopter votre chien auprès d’un élevage sérieux.
Vous aurez ainsi la garantie que votre chiot n’a pas été séparé trop tôt de sa mère, et que celle-ci s’en est occupée convenablement.
Ce dernier point se vérifiera en vous assurant que la mère ne rejette pas les chiots de sa portée, se trouve en bonne santé et paraît équilibrée mentalement.
Évitez à tout prix de vous procurer un chiot en animalerie, car ces pauvres animaux sont les plus susceptibles de présenter des comportements déviants à l’âge adulte.
Enfin, je tiens à rappeler que l’âge de 2 mois n’est pas simplement un âge recommandé pour sevrer un chiot, mais bien l’âge minimum légalement imposé pour la vente de chiot!
Le trouble HSHA du chien peut demander de véritables soins vétérinaires pour aider votre compagnon à se sentir mieux dans sa tête et dans sa peau.
Si votre chien semble être affecté par ce syndrome, je ne saurais que trop vous conseiller de ne pas attendre que ses comportements problématiques s’installent pour solliciter l’avis d’un professionnel de la santé ou du comportement canin.
Les comportements non souhaités induits par le HSHA ont en effet tendance à s’aggraver avec l’âge, il est donc crucial d’apprendre à les gérer au plus tôt.
Vous êtes, ou avez été, propriétaire d’un chien atteint du trouble HSHA ? Partagez votre expérience ou posez-nous vos questions en commentaire de cet article !