CaniprofComportement du chienComment Calmer (Sans Crier) Un Chien Hyperactif ? [MÉTHODE]

Comment Calmer (Sans Crier) Un Chien Hyperactif ? [MÉTHODE]

L’hyper-activité chez le chien fait partie de ce que l’on appelle les troubles du développement. Ce sont des troubles qui surgissent à la suite d’un développement au sein d’un environnement peu stimulant ou de l’absence de la mère lors de périodes clés du développement justement.

Nous allons aujourd’hui nous intéresser plus particulièrement au trouble de l’hyper-activité car il me semble important de développer ce syndrome comportemental car il est souvent interprété de la mauvaise façon, souvent banalisé, souvent mal diagnostiqué.

chien hyperactif

L’hyper-activité chez le chien a eu le droit à la même « vague populaire » que l’hyper-activité chez les enfants. En clair, depuis quelques années, il est « facile », à mon sens, de dire d’un enfant ou d’un chien qu’il est hyperactif, on a d’ailleurs tendance à utiliser ce terme à toutes les sauces !

Et pourtant, l’hyper-activité n’est pas quelque chose à prendre à la légère, c’est un réel trouble avec des conséquences parfois catastrophiques et ce n’est pas juste une caractéristique que l’on peut attribuer à tel ou tel être vivant dès lors qu’il est un peu speed.

Et oui, sachez que le trouble de l’hyper-activité, au même titre presque qu’une maladie, se diagnostic auprès d’un vétérinaire et peut/devrait également se confirmer auprès d’un éducateur canin comportementaliste.

On considère que les troubles du développement sont détectables à partir de l’âge de 4 mois chez le chiot car, avant, on estime qu’il est encore possible de procéder à quelques réajustements pour faire en sorte de « rattraper » le mauvais développement.

Mais, on ne va pas se mentir : des manquements lors des premières semaines du chiot sont difficilement « rattrapables » car on ne peut pas revenir sur ce qui n’a pas été fait au moment où ça devait se faire (vous comprendrez par la suite et plus en détails ce que je veux dire par là).

Le syndrome HSHA

Rentrons de suite dans le vif du sujet, le nom « technique » du trouble de développement lié à l’hyper-activité est le suivant : Syndrome de l’Hyper-Sensibilité et de l’Hyper-Activité (HSHA). Les deux « hyper » sont souvent liés, et vous allez comprendre pourquoi :

Qu’est-ce-que l’hyper-sensibilité ?

Ce trouble est la conséquence directe de l’absence de la mère à compter de la 3ème semaine de la vie des chiots de la portée.

En effet, à partir de la 3ème semaine de la vie des chiots, ils procèdent naturellement à ce que l’on appelle une exploration en étoile, c’est à dire qu’ils cherchent doucement à explorer leur environnement tout en restant toujours autour de la couche et en revenant auprès de leur mère pour se sécuriser.

Si cet apprentissage n’est pas fait, les chiots de la portée peuvent alors développer ce que l’on appelle un défaut des filtres sensoriels, c’est à dire une hyper vigilance et donc une hyper-sensibilité car ils n’auront pas eu l’occasion de « découvrir le monde » sereinement.

Qu’est ce que l’hyper-activité ?

Ce trouble est quant à lui la conséquence directe de l’absence de la mère à compter de la 4ème semaine de la vie des chiots de la portée.

En effet, à partir de la 4ème semaine de la vie des chiots, naturellement, les chiots de la portée vont commencer à jouer entre eux et donc à utiliser leur mâchoire. Le rôle de la mère est alors ici essentielle car c’est elle qui va apprendre à ses chiots à « doser » la force qu’ils mettent dans leur mâchoire lors des jeux.

C’est ce que l’on appelle l’apprentissage de la morsure inhibée et si la mère n’est pas là pour effectuer cet apprentissage et donc réguler les interactions entre ses chiots, ils auront donc des défauts d’auto-contrôles. Cela engendre alors une grande difficulté, même une fois adulte, qu’aura le chien pour revenir à un état émotionnel stable et serein car il sera toujours dans le « encore plus ».

C’est d’ailleurs souvent à cause des conséquences de ce « non apprentissage » que les maîtres sont alertés et découvre alors ce trouble.

N’étiquetez pas votre animal !

Mais toutefois ATTENTION, j’insiste ! Ce n’est pas parce que votre chien est un peu « foufou » et que vous ne parvenez pas à le contrôler qu’il faut lui poser l’étiquette d’hyper-actif » et de voir cela comme une fatalité !

Et à l’inverse, parfois l’éventualité de ce trouble est écartée car on sait de source sûre que la mère était présente pendant tout le développement… Or, il arrive que la mère soit trop immature, trop fatiguée, tout simplement une « mauvaise mère », ou qu’elle soit elle même atteinte de troubles du développement et qu’elle n’ait donc pas effectué tous les apprentissages.

D’où l’importance de toujours bien se renseigner sur l’élevage que vous choisissez, quitte à aller voir le chiot régulièrement pendant ses deux premiers mois, etc.

Comment éviter ce trouble ?

Pour éviter ce trouble, la meilleure solution reste (comme pour une multitude de problèmes que rencontrent les maîtres) la prévention ! De ce fait, vous devez :

  • Toujours attendre l’âge légal de vente des chiots en France, estimé à 2 mois. Si un éleveur (ou même un particulier) vous propose d’adopter un chiot avant ses deux mois : il y a baleine sous gravillon !
  • Vous assurer avant même de réserver un chiot dans un élevage que la mère est équilibrée, qu’elle ne vient pas de « terminer » une précédente portée, qu’elle n’a pas de troubles du comportement ou du développement et qu’elle est suffisamment mature. N’hésitez pas à vous déplacer au sein de l’élevage… Si un éleveur refuse que vous veniez, c’est louche !

chien anxieux

Comment régler ce trouble ?

Par définition, un trouble du développement ne peut pas se « régler » mais il peut s’atténuer. En effet, au delà d’un certain âge, le chiot ne parviendra pas à rattraper le temps perdu en quelque sorte. Et comme je l’indiquais plus haut, il est impossible de revenir sur des manquements lors de la période du développement du chiot.

Un chien atteint d’une hyper-activité n’est pas aussi « modulable » qu’un chien qui aurait mal appris à marcher en laisse par exemple ou encore qui aurait mal appris à gérer sa frustration. Les troubles du comportement sont eux assez « simples » à régler car il suffit de remettre en place différents axes…

En revanche, pour ce qui concerne les troubles du développement, on ne pourra faire qu’atténuer leurs effets tout simplement parce que le chien n’est pas apte, physiquement et émotionnellement, à assimiler ce qu’on lui demande.

Vous l’aurez donc compris, il est très difficile de faire disparaître les conséquences de ce trouble mais il est toutefois possible (avec énormément de travail) d’atténuer les effets, voici quelques conseils pour y parvenir :

Conseil n°1 : Un chien diagnostiqué HSHA doit nécessairement être suivi par un vétérinaire avec éventuellement un complément médicamenteux. Dans une majorité des cas, sans traitement, les « chiens HSHA » ne parviennent jamais à trouver un équilibre.

Conseil n°2 : N’hésitez surtout pas à faire appel à un éducateur canin comportementaliste qui pourra vraiment vous guider dans les différentes étapes à mettre en place et surtout vous aider à adopter la meilleure attitude possible.

Conseil n°3 : Puisque votre chien n’a pas eu l’apprentissage de la morsure inhibée, il peut faire très mal en « mordillant » car il ne contrôlera pas sa mâchoire et peut sévèrement blesser. Veillez donc à mesurer tous les risques, notamment si votre chien est une grande race ou encore que vous avez des enfants en bas âge. Je parle bien entendu d’un éventuel placement dans une famille plus adaptée et non pas d’une euthanasie.

Conseil n°4 : Evitez absolument les jeux de lancés de balles. Dites vous bien que pour un chien « normal », ces jeux de lancés sont très excitants et surtout très intenses et il est parfois difficile de leur faire comprendre que la séance de jeu est terminée ! Alors imaginez un chien qui n’a pas les capacités physiques et émotionnelles pour « redescendre » !!!

Conseil n°5 : Ayez une attitude toujours très cohérente pour votre chien en instaurant une routine très claire (nourriture, balades, etc.) et une attitude très nettement affirmée (soyez sûr de vous pour que votre chien ne fie à vous et ne sente pas de crainte ou de stress de votre part). Par exemple, vous devez toujours être à l’initiative des contacts : choisir du début et surtout de la fin de chaque activité que vous entreprenez avec votre chien (séances de caresses, séances de jeu, séances éducatives, balades, etc.).

Conseil n°6 : Lorsque vous souhaitez calmer votre chien, vous énerver sur lui ou essayer de le contraindre par la force ne sera pas une solution, bien au contraire : préférez ignorer votre chien c’est à dire ne pas le regarder, ne pas le toucher ni lui parler. En effet, car si votre chien comprend que son attitude lui permet d’obtenir votre attention (même si c’est pour le gronder), il réitérera ce comportement car c’est ce qu’il veut.

Conseil n°7 : De même, puisque l’hyper-activité va souvent de paire avec avec l’hyper-vigilance, lorsque votre chien a peur de quoique ce soit, surtout ne cherchez pas à le « rassurer » au risque de renforcer involontairement le comportement qui découle de sa peur.

Vous devez également ignorer votre chien lorsqu’il est dans des états extrêmes (de peur ou d’excitation) et si cela ne fonctionne pas, c’est l’ensemble de l’environnement, des règles de vie et de bases éducatives qu’il faudra revoir et mettre (ou remettre) en place, et cela fera l’objet d’un prochain article.

En clair, ce que vous devez retenir de cet article :

  • L’hyper-activité n’est pas à prendre à la légère : c’est un trouble du développement chez le chien causé principalement par l’absence de la mère lors de la période de développement des chiots de la portée.
  • Tous les chiens « foufous » ne sont pas nécessairement hyper-actifs, ils sont juste « foufous » justement !
  • Souvent la « vraie » hyper-activité va de paire avec l’hyper-vigilance (on a l’impression que le chien vit tout comme si c’était la première fois)
  • Pour calmer un chien hyper actif il faut dans beaucoup de cas un traitement médicamenteux. Il faut donc aller voir un vétérinaire/
  • Pour calmer un chien hyper actif il faut travailler sur votre attitude et la cohérence que l’ensemble de la famille doit mettre en place. Il faut donc aller voir un éducateur canin comportementaliste.

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Article rédigé par Clémentine, de Nature de Chien.
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